mardi 15 novembre 2011

Une mise en scène fait scandale à l'Opéra Bastille

Les spectateurs n'en sont toujours pas revenu... L'Opéra Bastille vient d'être le théâtre d'un scandale comparable à celui du Sacre du Printemps en 1913. Cette fois, on représentait le Chevalier à la Rose, célèbre opéra de Richard Strauss. Palpable dès le premier acte, la tension est allée crescendo jusqu'au dénouement tragique dont la presse s'est fait l'écho. Retour sur un drame en trois étapes...

Acte I.
Le premier acte a été représenté dans un décor viennois de style roccoco. Les chanteurs portaient des vêtements dans le goût du XVIIIe siècle. Or l'intrigue du Chevalier se passe précisément à Vienne au XVIIIe siècle ! Bon, jusqu'ici, tout va à peu près bien. Le public reste calme même si des rires sont perceptibles ça et là.

A l'entracte, un habitué de l'Opéra fulmine : il vient d'entendre une personne issue d'un mileu modeste déclarer "Pour une fois je comprends ce qui se passe... je ne regrette pas mes 35 euros". L'habitué est révolté et quitte l'Opéra. Puis revient, bien décidé à faire entendre sa voix dans le scandale qui s'annonce.

Acte II.
Les sifflets commencent à fuser dès les premières minutes... et on comprend le public : toujours pas d'échafaudages glauques éclairés au néon dans le décor, ni d'acteur en string léopard se scarifiant sur la scène, ni de projections vidéos représentant des vers de terre agonisant sur du fil barbelé... Le metteur en scène est véritablement allé au suicide avec une mise en scène qui épouse parfaitement et l'intrigue et la musique. A la fin du 2e acte, les spectateurs jettent leurs fauteuils sur la scène et demandent à être remboursés.

Acte III.
Richard Strauss a situé le début de l'acte dans une auberge de la forêt viennoise. Et c'est précisément ce qu'a représenté le metteur en scène. L'auberge est à la fois réaliste et charmante, la forêt envoûtante et onirique. C'en est trop pour la majorité du public. Des banderolles "Non au conformisme fasciste bourgeois réactionnaire" s'élèvent en plusieurs endroits de l'orchestre. Les huées couvrent les voix des chanteurs. Des spectateurs des balcons les plus haut placés lancent des sacs de pommes de terre pourries qui viennent s'écraser avec fracas sur le décor. La représentation doit s'arrêter au milieu du troisième acte suite à la mort d'un contrebassiste empalé sur son instrument par un groupe d'étudiants aux Beaux-Arts.

La police a évacué l'Opéra. Le ministre de la Culture va proposer une loi encadrant mieux l'activité des metteurs en scène.

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