samedi 29 septembre 2012

Adèle ou l'apogée de l'élégance anglaise




L'Angleterre, un tout petit parc génétique et pourtant ! Au pays de la grossesse adolescente, on a plus vite fait de choper une poussette qu'un diplôme d'études supérieures. Mais plus pour longtemps... Au fond du tunnel, enfin la lumière ! Alors que le National Health Service réduit la voilure, la pression reproductrice pourrait enfin se relâcher sur les hôpitaux publics. Et pour cause...

Abrégé d'une histoire de 50 ans ou "comment décourager les mâles anglais de se reproduire".

Petit retour en arrière. Les arrière-grands-mères anglaises au sortir de la guerre découvraient la télé et à travers elle, celle qui est restée comme une icône indémodable (chez les gens de goût) : Audrey, que l'on voit en abyme dans les vitrines des vendeurs de houseware.

Voilà, là c'est la classe, mais ça coûte cher en garde-robe de ressembler à Audrey donc elles y pensent de loin, essayent de rester distinguées et modernes a la fois, tout va bien, les gars sont gentiment au pub le soir, sans plus.

 
Les années 70, c'est la femme moderne qui fait fureur, et Joanna devient l'idole d'une génération. Notez les années 70 : col roulé marron et la question capillicole qui se pose quand même sérieusement. Ca reste la classe, mais pour jouer aux Avengers, il faut etre tanké comme une sauterelle et avoir une Lotus Elan. Les ménagères achètent une MGB un parapluie et se font une coupe Mireille Mathieu, et vogue la galère.

Et puis tout va très vite. Les générations défilent et on tombe sur Pink (33 ans quand même), l'idole des mères d'ados anglais : coupe peroxydée trop connue par ici, sourire carnassier qui - pour celles qui s'étaient mises a fumer pour ressembler a Joanna - laisse tout loisir d'admirer le voile noir qui leur donne l'air d'avoir bouffé du tarmac toute la matinée. Autre avantage du sourire carnassier : les anglaises assument enfin leurs dents même si celles-ci, bien souvent, ressemblent davantage à des instruments de jardinage qu'à de vraies dents.


Mais la ligne d'horizon des idéaux esthétiques reste encore trop éloignée. Les producteurs l'ont bien compris et y travaillent dans leurs laboratoires. Et quand on travaille en labo, il y a toujours l'expérience qui foire... Deux exemples emblématiques...
En haut Jessie J : coupe tortuga, z'yeux globuleux et tiroir caisse au vent. Un miracle de technologie intergénérationnelle : elle a 24 ans et en parait 50. En dessous, Amy qui s'est carrément désintégrée en sortie de cure, ils avaient fait tomber un baril de Pétrolane et de Southern Comfort dans l'éprouvette, ça a fini par se voir. Trop cher en moumoutes, maquillage et en pinard, tout cela ne collait pas.


Et voila que nous arrive Adèle, un nom bien français pour faire classe, un chandail pourri, branlée comme un bidibule avec une choucroute sponsorisée par la Royal Flopsy Fluf Association :Les jeunes anglaises sont soulagées : elles peuvent enfin sortir en pantoufles, s'habiller comme des sacs a patates et fumer comme des cheminées : fini de culpabiliser, fini de se tordre les chevilles, existe aussi en blonde. Alors certes, le studio d’Adèle a bien soulagé le service planning familial anglais, les gars sont tous repartis au pub s’emmancher habillés en Joanna Lumley mais je vous le demande : dans le cadre de la représentation des minorités invisibles, à quand un quota de gens "classe" a la télé ?

En attendant, le NHS fait des économies et la démographie anglaise devrait chuter spectaculairement dans les années à venir. Une étude vient de montrer que le no-look actuel des anglaises équivaut, en terme de moyens de contraception à un combiné pilule+bromure+vasectomie+stérilet+abstinence avant et après le mariage.

(article de Lilian L.)